ÉLÉMENTAIRE Issi Nanabeyin

LA GALERIE DU PETIT ATELIER, BORDEAUX - FRANCE


Dates Du 25 au 30 avril 2022

Commissaires d’exposition  Jules Duplantier et Jeremy Aterchane - Artlee

Elementaire is an exhibition finding representation of the diasporic self between pencil and paper. The exhibition is a 96 hour performance showing the processes of how Issi draws, cuts, paints and finds new representations. Elementaire invites people to see the process of drawing as a way to see our process of self identification. To see, no matter an individual piece of work or person, their final representation is found through continuous tensions, anxieties, (re)thinking, sketches, more sketches, errors, corrections, redos, pauses and constant reworking. To see Issi's search for his own identity in his search for new drawings, is to see that both an individual drawing or identity is never finished, but always active and continually rearticulated.

Article de presse  2022 • Sud Ouest article by Céline Musseau ︎︎︎



ELEMENTAIRE PHOTOS by Margaux Rodrigez



Photos de la résedence ÉLÉMENTAIRE - Galerie Artlee




ELEMENTAIRE VIDEO by Luc Maziere



ELEMENTAIRE - Artlee x Issi Nanabeyin on Youtube.




INTERVIEW by Jules Duplantier


Une conversation entre l‘artiste et architecte Issi Nanabeyin et Jules Duplantier


JD : Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années maintenant et je t'ai continuellement observé dessiner, à la fois en France et à Londres, de différentes manières, mais le même corps, ton corps, n'est-ce pas ?

IN : Oui, c'est une découverte progressive, je ne sais pas trop où je vais avec tout ça, mais le voyage jusqu'à présent a été un vrai plaisir.

JD : Que souhaites-tu exprimer avec cette exposition ?

IN : Depuis le début, l'essence de mon travail, qu'il s'agisse d'art ou d'architecture, a toujours résidé dans les pièces finales, mais aussi et surtout, dans le processus et les croquis qui restent cachés du public. L’exposition Elementaire est donc pour moi une occasion de mettre en lumière le travail caché d'un artiste, en résidence, à la vue du public. Peut-être que cela montrera quelque chose que les gens ne voient pas normalement, ou peut-être pas.

JD : De quoi parle cette série de dessins ?

IN : Hm. Je ne suis pas encore sûr. Pour l'instant, la série de dessins Elementaire se situe entre l'échelle anthropométrique des proportions du Corbusier, le Modulor, et les principes de la sculpture sur bois subsaharienne. D’un côté une échelle qui représente ce qui est, et de l’autre, quelque chose qui va au-delà de l'échelle humaine, vers le surréaliste. Au départ, il s'agissait d'une série de dessins tentant de fusionner, de connecter, d'échanger, de joindre et de modifier deux façons différentes de représenter les corps humains, comme une approche pour trouver une sorte d'échelle de proportions hybride.

JD : Elementaire signifie pour moi « fondamental », « primaire ».Je suppose que tu as choisi ce titre pour évoquer les principes de base de la représentation ? Peut-être ensuite pour les utiliser à travers des approches différentes ?

IN : Exactement. Le titre élémentaire fait référence à deux idées. La première consiste à examiner les éléments primaires des deux modes de représentation ( architecture / sculpture sub-saharienne ). L’objectif étant de trouver les caractéristiques de chacun d'entre eux afin de forger un autre mode de représentation à partir des deux. Dans mon esprit, j'ai commencé à imaginer la construction d'une langue utilisant deux alphabets différents. Je pense que cela s'est manifesté dans les dessins avec les corps ayant deux sens différents de l'échelle, parfois les mains ou les pieds sont à une autre échelle que le reste du corps. Dans d'autres cas, la tête n’est représentée que par un simple trait au-dessus d'un corps qui lui est détaillé jusqu'à la cage thoracique.  
JD : Tu m’as parlé d’une deuxième raison pour le nom ?

IN : Oui, la deuxième raison c’est justement que cela me permet d'explorer sans «raison » ahah. En anglais, Elementary fait également référence à l'idée de «base», je pense que le dictionnaire utilise les mots "direct et décomplexé". Cela me donne l'espace nécessaire pour dessiner d'abord et découvrir après, et je pense que nous, les architectes, avons du mal à le faire, et puis ça me permet de laisser de côté les attentes et les préjugés.

JD : Où se trouve l'architecture dans tes dessins ?

IN : C'est une bonne question, que je me pose souvent et à laquelle je réponds chaque fois différemment. En ce qui concerne la série de dessins ELEMENTAIRE, je pense que l'architecture ne réside pas dans ce qui est, mais dans le processus de réalisation de mon travail. Si on regarde attentivement mes œuvres, on peut apercevoir les lignes de dessin, les grilles et les lignes directrices des figures, un peu comme le ferait un architecte avant de créer le plan ou la section d'un bâtiment.

JD : L'exposition porte autant sur les dessins finaux que sur le processus de travail et les esquisses. Qu'est-ce-qui t’as poussé à mettre autant en avant tes esquisses ?

IN : Dans les dessins finaux, on essaie de dire quelque chose plutôt que d'essayer de mettre les choses à l'échelle. Je ne suis pas sûr d'avoir les bons mots pour l'expliquer, mais j'ai l'impression que les dessins finaux concluent toujours une idée au lieu d'en élaborer une. Je pense que c'est probablement parce qu'en tant qu'architecte, j'ai découvert que les premiers croquis et dessins que l'on fait sont ceux qui vous permettent d’accéder à ce que vous recherchez, et que le dessin final sert à montrer aux autres que vous l'avez trouvée. Je pense que c'est dans le travail d'esquisse et dans les dessins de processus que le résultat initial : « trouver une échelle hybride de proportions » peut se retrouver. Finalement, ce sont les esquisses qui me permettent de désobéir à la logique du corps pour exprimer ma propre représentation de ce dernier.

JD : Comment ?

IN : En jouant, et en faisant des suppositions. En vérité, la plupart de mon travail repose sur l'expérimentation non planifiée, dans l'espoir de trouver quelque chose à prendre et à refaire avec plus de considération. J'ai remarqué que je travaillais toujours avec l'idée d'être un artiste d'abord, et un architecte ensuite. Ou peut-être est-ce l'inverse…